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Gilles Deleuze

"Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase: on va discuter un peu."
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20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 08:45

« Dans la glorification du «travail», dans les infatigables discours sur la «bénédiction» du travail, je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail — on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir —, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême. »

Nietzsche : Aurore III 173

 

Voilà un texte on ne peut plus actuel.

Travaillez, bonnes gens, travaillez dur ! Rentrez chez vous le soir, assoupissez-vous devant la télévision et recommencez le lendemain. Vous n’aurez pas de dessein révolutionnaire, vous penserez à la bouffe au pernod, au porno du samedi soir, mais vous ne penserez pas tout court. Avec un peuple à ce régime, les gouvernants peuvent dormir tranquille, la Révolution n’est pas pour demain.

On est loin des Grecs pour qui le travail était réservé aux esclaves. « Doulos », escalve et « douleia », travail, même racine, même déconsidération. Et des Romains !  « Tripalium » en latin, d’où nous vient le mot travail désignait un pieu sur lequel on attachait le promis à la torture. Travail = torture.

Madame Lagarde, notre ministre des Finances peut, devant l’Assemblée Nationale, citer Confucius et déclamer : « choisissez un travail qui vous plaît et vous aurez l’impression de ne jamais travailler ». C’est vite dit. Prenez un enseignant, il l’est devenu, dans les trois-quart des cas, par vocation, et c’est un sacerdoce que d’enseigner. Il n’a peut-être pas l’impression de travailler, mais il est payé au lance-pierre.

L’homme ne doit pas travailler, il doit apprendre. S’il peut apprendre en travaillant, comme le font les médecins, les magistrats, les psychologues et que sais-je encore, c’est tout bénéfice. Si l’homme apprend il s’instruit, s’il s’instruit il se civilise et s’il est civilisé il y a des probabilités que la paix et la concorde règnent entre les vivants.

Si les richesses de la terre étaient équitablement partagées, l’homme pourrait travailler deux, trois heures par jour pour la communauté et puis se consacrer à, reprenons Nietzsche : « à la réflexion, à la méditaton, à la rêverie, aux soucis… » bref, à ce qui est le quotidien de sa vie et il pourrait le faire calmement.  Il pourrait voir sa vie à moyen et long terme.  Comment voulez-vous le faire quand les traites arrivent à la fin du mois, qu’il faut les honorer et que le patron menace de délocaliser ?

Mais ne rêvons pas, ce temps idéal n’est pas arrivé et je doute, en vieux sceptique que je suis qu’il arrive un jour.

Et pourtant, « rien ne sert d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour perséver » !

 

 

 

 

 

 

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