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Gilles Deleuze

"Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase: on va discuter un peu."
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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 14:15




“O, vous qui croyez ! vous êtes responsables de vous-mêmes, quiconque est bien dirigé n’est dirigé que par lui-même, quiconque est égaré n’est égaré qu’à son propre détriment... Nul ne porte le fardeau d’un autre. » ( Coran, S.V.v. 105 et S.XVII.v.15)
L’Islam comme tout monothéïsme est moniste. Sphère publique et sphère privée devraient s’interpénétrer.
Or, comme dans les autres monothéïsmes, il n’en est rien.
Dans le monde musulman, le religieux est soumis au politique depuis les Omeyyades et les juristes excellent à séparer le religieux du profane.
L’Histoire des confrontations entre ces deux pouvoirs a la même intensité chez eux que chez les Chrétiens et c’est normal, les enjeux sont les mêmes...
Aujourd’hui,le droit de la grande majorité des Etats musulmans est inspiré des systèmes juridiques occidentaux (Code Napoléon en Egypte et en Syrie...),  le droit s’inspire des préceptes du Coran dans les domaines qui touchent à la famille (mariage, adoption, sucession), bioéthique, procréation, ce qu’a fait et fait encore notre droit d’inspiration chrétienne. Au pénal, les peines prescrites par le Coran (lapidation, mutilation) ne sont exécutées que dans quelques Etats (Arabie Saoudite).
Pour Monsieur Bruno Etienne (« Islam, les question qui fâchent. » Bayard) on ne peut dénier dans l’Islam la séparation entre sphère publique et sphère privée ( fondement même de l’esprit laïque). Une exception cependant, l’Arabie Saoudite, patrie du wahabisme, la secte la plus rétrograde dans l’interprétation du Coran.
Dans l’Islam, comme chez les Protestants et les Juifs, il n’existe pas une seule et unique autorité pour dire le droit, pour proclamer l’orthodoxie d’une mesure.
Pas de Pape, pas d’excommunication, pas d’encycliques mais une pléthore de « juristes » (je ne parlerai pas de théologiens, la théologie est une notion peu revendiquée par  l’Islam) qui, chacun à sa manière, vont interpréter l’universalité de tel ou tel précepte.
Quatre grands courants incarnent cette diversité : hanéfite (Turquie), malékite (Maghreb), chafite (Afrique) et hanbite (Arabie Saoudite).
Et le libéralisme de l’un s’opposera à la rigueur de l’autre et ainsi de suite. Islam de l’Université Al-Ahzar d’une part, et Imams saoudiens de l’autre...
Prétendre que l’Islam ne séparerait pas la spiritualité du temporel est une contre-vérité. Ce qui est vrai, par contre  c’est que l’Islam, tout comme le christianisme est confronté aux problèmes que pose le monde contemporain.
Et n’oublions pas sa diversité, nous, qui réduisons l’Islam aux Arabes ; il est  décliné dans des pays aussi contrastés que l’Asie des steppes, la Turquie, le Pakistan, l’Indonésie, la brousse africaine et les déserts arabiques et sahariens. Sans oublier l’Europe où il est la deuxième religion.
Le problème c’est que l'Islam est aussi la religion de peuples jadis colonisés avec tout le substrat psychologique qu’implique cette relation et qu’il est, chez nous, la religion des plus pauvres, des couches issues de l’immigration donc suspectes de non-intégration.
Certains qui se veulent prophètes de je ne sais quel cataclysme à venir, nous prédisent un choc des civilisations en opposant Islam à ce qu’ils appellent le « monde moderne » voire - visez le racisme sous-jacent - le "monde civilisé". Or l'Histoire sait, elle, le tribut que l’Occident doit à l’Islam !
Gardons-nous de tomber dans ce travers. Gardons-nous de croire que nos valeurs sont universelles et n’ont qu’à être reconnues comme telles par les autres. Gardons-nous de parler d’axe du mal et de coalisation des bien-pensants.
Et posons-nous la question : à qui profite la confrontation ?
Le philosophe Jacques Derrida définissait ainsi l’Occident :
Occident = la Bible + les Grecs.
L’Islam rentre parfaitement dans cette équation !
L’intégrisme, qu’il soit islamique, chrétien ou juif est une déviance que ne justifie aucun texte fondateur de ces religions et je ne sache pas qu’il y ait chez les Chrétiens ou les Juifs une injonction semblable à celle qui clôture mon papier :
« Or si ton Seigneur voulait, tous ceux qui sont sur terre, tous croiraient. Est-ce à toi de contraindre les gens à être Croyants ? » (S.X.v.99

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