Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Candide
  • : Penser l'actualité, le quotidien et l'histoire sans a-priori et avec un esprit critique.
  • Contact

Texte Libre

Gilles Deleuze

"Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase: on va discuter un peu."
(Qu'est-ce que la philosophie ?)

Recherche

Archives

Liens

11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 19:52



Le livre de M. Péan a fait couler beaucoup d’encre, je ne vais donc pas en remettre une louche, simplement souligner ce qui ne l’a pas trop été par la presse.

Le narcissisme de M. Kouchner, tout le monde connaît, nous n’y reviendrons pas, ce qui me semble particulièrement inquiétant de la part d’un homme en charge des Affaires Etrangères est son manichéisme érigé en programme de gouvernement.
Le génie de M. Kouchner est d’avoir compris bien avant les autres, que la complexité des affaires et des conflits internationaux étaient trop difficiles pour le commun des Français, d’où son art de les transformer à chaque fois en histoire, on appelle cela aujourd’hui une « storytelling ».
Ainsi, dès le Biafra, le « french doctor » inaugure le genre qui voit les Nigérians massacrer les biafrais. Les uns sont musulmans, les seconds chrétiens. Les méchants sont les Nigérians et les bons les biafrais. La réalité est plus nuancée et complexe, mais foin de détails trop difficiles à gérer pour le citoyen ordinaire. La version qu’il offre est la plus simple à comprendre. Il fera de même en ex-Yougoslavie où se seront les Serbes qui joueront le rôle exclusif de méchants et ensuite au Ruanda où les Tutsies auront droit, eux seuls, à toute sa commisération.
Dans l'irak de l'affreux Saddma Hussein, ce sont les Kurdes qu'il protégera, pas un mot sur les chiites tout autant persécutés.
Il comprend, dès l’abord, que seule l’outrance mettra du relief dans ses jugements. Ainsi usera-t-il tant et plus du terme de « génocide » là où « tueries » eut été plus conforme à la vérité. Mais qu’importe, il faut frapper les esprits vite et fort, cela il l’a compris avant tous.

Cette propension à la dramatisation et à la simplification extrême des conflits en cours lui permet de stigmatiser les politiques qui ergotent, cherchent des preuves, mettent en avant la négociation et la pacification des esprits. Le « french doctor » n’en a cure, il faut bousculer ces conservatismes et ruer dans les brancards au nom de ce « droit à l’ingérence humanitaire » dont il se veut le théoricien attitré voire exclusif.

Cela lui aura permis, durant des années, de se mettre en lumière, avec une mise en scène dont il est passé maître.

A la limite, on pourrait l’excuser de la part d’un humanitaire en mal d’ONG et rêvant de précipiter les choses. Chez ces derniers, tous pourtant ne l’ont pas compris, à preuve les désaveux de MSF et les mises en gardes d’autres qui n’ont pas eu l’heur d’ébranler  la conviction et l’hyperactivité du docteur Kouchner.

Mais aujourd’hui, ce personnage est Ministre de la République et l’ont est en droit d’attendre autre chose que cette agitation perpétuelle qui rappelle celle de son nouvel ami, M. Sarkozy.
On attend autre chose que la remise en cause sans motifs des politiques menées par MM. Mitterand, Chirac, Juppé, Vedrine, au Ruanda notamment où son amitié pour Kagame annihile chez lui tout sens critique. Le Ministre des Affaires Etrangères a pour mission de défendre d’abord et avant tout les intérêts de la France, M. Kouchner qui vient de déclarer qu’un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme n’a pas de sens, devrait parfaitement comprendre cela, encore faudrait-il qu’il le veuille.
M. Kouchner n’a pas apprécié du tout le livre de M. Péan, on peut le comprendre. Qu’il se défende est tout-à-fait normal, mais peut-on parler de défense quand M. Kouchner se borne, avec beaucoup de trémolos dans la voix, à accuser, sans preuves aucunes, l'auteur d’être un antisémite ? Si ce n’est un argument ad hominem, c’est quoi ?
L’homme qui soignait à ce point son image qu’elle était devenu sa raison d’être se sent blessé dans son ego.

Eh bien, qu’il se soigne ! Après tout, il est médecin.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires