Quatre mois parmi les sectes, et toujours intact ! Mais il s'en est fallu de peu...
Qu'importe que je vous dise comment je me suis retrouvé dans ce maelström, c'est mon jardin secret, toujours est-il qu'au terme de cette péripétie c'est avec effroi que je réalise les ravages qu'opèrent sous nos yeux, et dans la plus parfaite impunité, les mouvements sectaires.
Aujourd'hui les sectes ne se présentent plus comme des réunions d'illuminés qui, autour d'un gourou charismatique, attendent le retour des extra-terrestres, la fin du monde ou l'avènement de l'âge d'or.
Plus pernicieuses que jamais, elles s'intéressent au développement personnel, à votre psyché, au bien-être auquel, bien entendu, vous avez droit et, à tous les coups, à l'optimisation de vos ressources latentes dont vous ne soupçonniez même pas l'existence.
Tout cela coûte cher, très cher même, mais c'est le but des sectes de vous faire payer un maximum...rien n'est trop onéreux dès qu'il y va de votre petite personne, n'est-il pas ?
Leurs cibles ? Des hommes et des femmes (beaucoup de femmes), qui ont perdu leurs repères dans leur vie professionnelle et familiale et qui recherchent, désespérément, une formule simple à même d'éclairer une fois pour toutes les complexités inhérentes à leur existence ou...soigner leur névrose
Commençons par les adeptes du décodage biologique du Dr. Geerd Hammer.
Considérée comme « secte nuisible » par la Miviludes (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) elle véhicule la doctrine de l'ex-médecin allemand Hammer qui fut emprisonné en France et en Allemagne, et est radié à vie de l'ordre des médecins.
Pour lui, toute maladie a pour origine un conflit, et la reconnaissance de ce conflit conduit à elle seule à la guérison.
C'est aussi simple que ça !
L'ex-medecin Athias
Son disciple français, l'ex-médecin Gérard Athias, surenchère: « le mal a dit » déclare-t-il dans du mauvais Lacan, si le « mal » est écouté, le conflit se résorbe et la « maladie » disparaît .
Vite dit ! Ainsi, un mal au genou est la traduction d'un conflit entre le « je » et le « nous (pour les francophones s'entend, car en allemand « genou » se dit « knie » qui n'a rien à voir avec le « je » et
le « nous »). Mieux: la varicelle traduit la peur d'être déçu par la mère, car elle est « celle qui varie »...je n'invente rien. La toxoplasmose, dans cette optique, illustre un conflit dans lequel le patient craint que son père ne soit pas son père, ou que sa mère l'ait conçu sans amour pour son géniteur. Allez donc expliquer cela au patient, histoire de rajouter à l'angoisse qui l'étreint.
Le cancer du sein droit chez une femme droitière ? Un conflit entre la mère et sa descendance.
Pourquoi le sein droit: parce qu'une droitière tend le sein droit à son enfant...élémentaire !
Faut-il en rire ? Non ! Car de braves gens, naïfs et crédules, ont arrêté tout traitement sur base de ces inepties et se sont retrouvés à la morgue.
Athias, qui ne craint pas le ridicule, ajoute aux théories de Hammer des considérations sur la numérologie et la kabbale. Pour lui, rien n'est dû au hasard (« tout est écrit », en quelque sorte).
Dès le départ la numérologie du prénom et du patronyme enferment le sujet dans son destin personnel
auquel la kabbale ajoute son grain de sel.
La liberté (et donc la responsabilité) dans ce raisonnement est un leurre, nous sommes prédéterminés.
C'est avec des idées pareilles que fonctionnent les totalitarismes qui sont la marque des mouvements sectaires et dogmatiques.
Bien entendu, aucune référence scientifique n'étaie ces thèses dont les tenants forment une étrange franc-maçonnerie avec ses codes, ses mots, son vocabulaire et le sentiment d'être « de ceux qui savent » et qui propagent la « bonne parole » aux « profanes ».
Athias et son compère Sabbagh (encore un ex-médecin), organisent en France et en Europe francophone des séminaires de formation à leurs doctrines. Coûteuses formations, réservées, disent-ils, à une élite choisie. Des médecins généralistes aussi y viennent pour augmenter leurs honoraires et des psychothérapeutes auto-déclarés s'y concoctent des références aussi prétentieuses qu'ineptes.
Seuls trinquent les malades, les vrais !
Ho'oponopono ou la transcendance du pop-corn.
Avec un nom pareil, qui fleure bon l'exotisme, vous me croirez quand je vous dirai qu'il y va d'une secte de doux dingues tout juste nocive pour le portefeuille. Encore que...
Ce mouvement qui s'inscrit dans la mouvance « new age » extatique, vient d'Hawaï et se propose de « nettoyer les mémoires » (comme si nos mémoires étaient sales !).
"mantra" ho'oponopono
Curieux concept que celui de "nettoyer les mémoires". La secte est très floue la dessus, si je comprends bien, il y va d'une forme de purification du conscient de manière à ce que seul le vide subsiste, ce vide qui est la marque du divin. Pour en savoir plus, il faut assister à un séminaire de
deux jours, dont coût 485 euros (hors voyage et hébergement... et avec une clause particulièrement léonine, voyez: http://hooponoponofrance.org/f/index.html, qui signifie concrètement que tout ce que vous aurez "appris" lors de votre stage ne vous appartiendra pas; pour le diffuser il vous faudra l'accord de l'organisation, un peu comme si, en achetant une voiture, vous ne seriez autorisé qu'à la conduire vous seul !
Malins, ces gens là !
Au cours de ce stage, l'adepte recevra des '"outils. Il ne pourra pas les partager car ils sont protégés par des "barrières psycho-magiques" (sic) Les pires tourments sont réservés à ceux qui enfreignent la règle. J'ai donc décidé de vivre dangereusement et de vous vous en donner un aperçu.
Les mémoires se nettoient en récitant un mantra:
"je t'aime, je suis désolé(e), pardonne-moi, merci".
Comme on ne peut le prononcer toute la (sainte) journée, l'absorption de confiture de fraise fera office de multiplicateur. Pourquoi de la confiture de fraise ? Réponse: parce que des hommes habilités sur terre en ont décidé ainsi ! (resic).
A défaut de confiture de fraise, on peut manger de la guimauve ou des myrtilles.
Le pop-corn, généreusement étalé dans un récipient ad hoc est un gage d'harmonie au foyer.
Pourquoi du pop-corn ? Mystère. Payez et vous saurez...
J'oubliais ! Laissez traîner chez vous des crayons à bout gomme. La gomme, vous le savez est censée effacer. Quoi ? Les mémoires, pardi !
Secte de doux dingues ? Oui, mais nocive quand même.
Pour Ho'oponopono, l'homme crée sa propre réalité; ce qui, en fait, l'amène à nier la réalité vraie pour se limiter à la sienne. Et à ne considérer la sienne comme réelle. Vous imaginez d'ici les dégâts...
Il est donc "sectionné" de l'ensemble des vivants, ce qui est la marque de la secte. Cette abstraction du réel conduit l'adepte à un nombrilisme égoïste, réducteur et stérile.
Ho'oponopono n'a pas un succès énorme en France pour le moment. Les Français ne sont pas tous des imbéciles.
Pas tous...
La programmation neuro-linguistique (PNL) ou l'école de la manipulation.
Là où il y a secte, il y a PNL. Et la PNL est une secte elle-même.
Se targuant de références aussi illustres (Noam Chomsky p.ex) que fausses et de prétentions scientifiques non prouvées, la PNL se présente comme une excellence de la communication. En fait de sa propre communication au détriment de celle de l'autre. Elle est l'école de la manipulation mentale par son souci de faire en sorte que le message de l'adepte, par un jeu de règles sémantiques s'impose dans l'esprit de son interlocuteur.
Pas étonnant que la PNL, dès les années soixante, ait été adoptée par les publicitaires, les financiers, les services secrets et... les sectes.
Elle est secte elle-même en compartimentant la société (en « tactiles », « auditifs » et « visionnels ), en théorisant, en dehors de toute base scientifique, sur les potentialités du « cerveau biologique »,
en prétendant, elle aussi, qu'il n'y a pas de hasard, que tout arrive conformément à un plan préétabli.
La PNL prétend que le "cerveau biologique" ne connait pas la négation. Ainsi, il ne faut pas dire "n'est-cepas ?", car le cerveau de l'interlocuteur ne retiendra que le "pas"; au contraire, il faut dire "d'accord ?", et là, le cerveau aura tout compris.
Nous aussi...
« Secte manipulatrice » pour la Miviludes, les services publics ont reçu, cette année comme la précédente, des instructions pour ne pas donner suite aux offres de formation de leurs fonctionnaires à la PNL.
Pour en savoir plus, voyez:
http://pseudo-sciences.org/spip.php?article153
et:
http://www.charlatans.info/pnl.shtml
Les thérapies "alternatives", source d'addiction.
Les mouvements sectaires, on l'aura compris, ont choisi comme terrain d'opération les médecines douces, les psychothérapies alternatives et des méthodes hétérodoxes de développement personnel.
Elles ont parfaitement assimilé que ce qui motive leurs adeptes n'est pas l'état du monde et son perfectionnement, ni même celui de leur propre famille, mais leur petite personne à eux autour de laquelle se meut tout l'univers.
Parmi ces méthodes, nous trouvons en vrac des déviances de la psychologie analytique d'un Carl G.Jung, des variantes dogmatiques de l'ennéagramme, des « tentatives d'identification de troubles psycho-sensoriels » (tipis), des déclinaisons curieuses du Reiki japonais, j'en passe et des myriades dont les publicités encombrent les magasins bio.
Georges Didier, "thérapeute constellaire"
Les psychothérapies dites « constellations » (archétypales, familiales, professionnells) sont particulièrement dans la mire de la Miviludes qui estime que trente pour cent des psychothérapeutes engagés dans cette « thérapie » sont de la mouvance sectaire. Elle sont une mise en application de la théorie des « constellations » de Jung, et consistent à réunir autour du « psychothérapeute » des personnes désireuses d'extirper des traumatismes de leur inconscient.
Exemple: Ainsi, une quadragénaire, violée par son père durant son enfance, sera priée de désigner dans l'assistance un homme qui représentera son violeur de père, un autre homme personnifiera l'archétype du Père (bon, législateur, protecteur, éducateur etc...). Le but est que cette femme se réconcilie avec l'archétype en extirpant de sa conscience et de son inconscient l'image négative qu'elle a du père. La mise en scène de la confrontation entre cette femme et celui qui représente son violeur se termine généralement par des crises de larmes ou de nerfs et la remise à vif d'une plaie à peine cicatricée. Beau résultat !
Voyez à ce propos:
http://www.psyvig.com/default_page.php?menu=40&page=11
Que faire ?
Inutile, mes amis, de vouloir « convertir » un(e) adepte des sectes.
A l'instar des alcooliques ou des drogués, seule une prise de conscience amènera ce dernier à s'interroger sur le bien-fondé de son addiction.
Alors, que fait la police ?
Pas grand chose, ce qui est normal dans la mesure où la liberté de penser et de croire est la marque de notre République.
Mais la liberté de penser s'arrête là où il y va de la liberté de penser de l'autre, et les sectes vous le savez, nient notre liberté. Pour elles, l'homme est déterminé par tout un ensemble de facteurs dont il est inutile de vouloir s'affranchir.
Inutile de vouloir interdire les sectes, par contre, l'arme absolue contre elles est la privation de leurs moyens financiers.
Il faut multiplier les contrôles fiscaux chez les gourous des sectes et chez leurs adeptes. Après tout si ces derniers ont les moyens de se payer de coûteuses formations, autant s’intéresser à eux et à leurs mentors.
Il faut accroître l'information sur les mouvements sectaires dans nos réseaux d'enseignements.
Quant aux adeptes des sectes, ils ne sont pas que des victimes, ils sont vampirisés et se croient investis de la mission de sauver le monde.
Le cancer est la secte dont ils sont les métastases.
Ces hommes et ces femmes, souvent diplômés, mais perdus dans les méandres de leurs psychoses, se transforment vite en brutes dogmatiques et réductrices désireuses de soumettre le monde à l'aune de leurs propres limitations.
Ils parlent « amour », mais c'est du leur qu'il s'agit; ils disent ne plus avoir d'ego alors qu'il atteint des dimensions cosmiques.
Sachons les soumettre au bon sens de la raison !