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"Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase: on va discuter un peu."
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9 mars 2008 7 09 /03 /mars /2008 09:28

Comment dépasser l'antagonisme entre la transcendance traditionnelle autoritaire et l'immanence absolue génératrice du désenchantement laïc ?
Voilà la gageure que relève Mr. Luc Ferry dans son brillant essai "Qu'est-ce qu'une vie réussie ?" (Grasset).
Luc Ferry veut porter la discussion vers un humanisme non-métaphysique qui ouvre la porte au "réenchantement du monde", qui s'appuie sur la "divinisation de l'humain, la double transcendance de la liberté en l'homme et des valeurs hors de lui et sur l'interrogation du bonheur.
Aux transcendances de jadis (Dieu, Patrie, Révolution prolétarienne), nous avons substitué des transcendances "horizontales" enracinées dans l'humain et non plus dans des entités supérieures ou extérieures à lui.
Cette transcendance se dévoile au coeur de l'homme tout en résidant hors de lui. Luc Ferry voit dans cela que le relativisme radical n'a pas de fondement, que l'expérience esthétique ou morale nous apparaissent comme données du dehors mais s'imposent à nous parfois sous la forme d'un impératif:
"... à l'ère de l'autonomie, les valeurs continuent de nous sembler supérieures et extérieures à nous comme au temps des religions, lors  même que nous refusons les dispositifs métaphysiques qui nous permettaient jadis de les enraciner dans un quelconque fondement ultime." (op. cité p. 497)
Les Anciens fondaient l'ordre harmonieux du cosmos sur un plan à la fois transcendant et immanent. Transcendant par rapport aux êtres mais immanent au réel car incarné dans le monde (à rapprocher du christianisme qui prêche un Dieu incarné). On peut donc concevoir une "transcendance dans l'immanence" qui serait une transcendance dont l'incarnation se situe dans le monde humain caratérisé, à partir de sa liberté, comme un monde de l'esprit.
On peut la nommer "transcendance phénoménologique" qui renvoie non pas à un fondement religieux (Dieu) mais à la notion de "transcendance horizontale" pour parler comme Husserl.
"... ainsi, d'horizon en horizon, je ne parviens jamais à saisir quoi que ce soit que je puisse tenir comme une entité dernière, un Etre Suprême ou une Cause Première qui viendrait garantir l'existence du réel qui m'entoure." (p.499)

Cette notion d'horizon, par sa mobilité renferme en quelque façon celle du mystère.
C'est au "refus de la clôture" que nous invite Luc Ferry à travers cette "transcendance dans l'immance" qui fait se développer en nous des valeurs hors de toutes références à un argument d'autorité mais dont l'altérité est bien réelle.
Il faut, conclut-il, accepter de renoncer à chercher dans la nature ou dans l'Etre Suprême l'explication de notre rapport à des valeurs communes voire universelles.

 

Totem "naturel" à "Monument Valley".

 

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commentaires

S
Ah, ce Luc Ferry! Toujours aussi intéressant depuis "La Sagesse des Modernes!"<br /> Merci à toi pour cette mise en lumière!
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