Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Candide
  • : Penser l'actualité, le quotidien et l'histoire sans a-priori et avec un esprit critique.
  • Contact

Texte Libre

Gilles Deleuze

"Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase: on va discuter un peu."
(Qu'est-ce que la philosophie ?)

Recherche

Archives

Liens

22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 08:44

Comment définir la vérité ? Ce n'est pas si simple que ça...
En règle générale, c'est l'adéquation entre le jugement et l'état de chose qu'il vise. Kant est formel: "...la vérité est l'accord de la connaissance avec son objet..." (Critique de la Raison Pure ).

Déjà, pour les Scolastiques, la vérité est l'adéquation de l'intellect et de la chose ("adequatio intellectus et rei").

A première vue c'est très clair. Si je vois un chien et que je dis  que ce que je vois est un chien, je suis dans la vérité car il y a adéquation entre ce que j'énonce et ce que j'ai vu.
Il en va de même si j'affirme que la somme des angles intérieurs d'un triangle est égale à deux droits. Pas de discussion là dessus. C'est vrai !
Mais qu'en est-il des affirmations suivantes ?
"Ce tableau est beau !", "Dieu existe !" ?
Ces deux affirmations peuvent être la vérité de l'un mais pas de l'autre. Ce sont des opinions !
Déjà Démocrite, un philosophe d'avant Platon professait: "...il n'y a rien de véritable, l'opinion de tous fait l'opinion de chacun..."
Une opinion n'a pas à être vraie ou fausse, il suffit qu'elle s'affirme.
Chez les Grecs, l'opinion c'est la "Doxa" qui s'oppose à "alètheia", la vérité. "Doxa" vient d'un verbe, "dokein", qui signifie "sembler bon, paraître", en français le mot "dogme" provient de ce verbe alors que sa signification actuelle est plus figée: le dogme est ce qui ne se discute pas, ce qui s'accepte tel quel, une fois pour toutes.
La vérité ne pourrait donc être affirmée qu'à propos d'objets ou de constructions intellectuelles démontrables.

Il ne faudrait donc s'occuper que des objets dont notre esprit parait pouvoir atteindre une connaissance certaine et indubitable, comme l'écrivait Monsieur Descartes.
Seulement voilà, poursuit ce bon philosophe, il se trouvera peu de choses dont il nous soit permis d'entreprendre l'étude... 
Et comment donc ! Depuis la physique quantique nous savons que 2+2 n'égale pas 4 mais tend vers 4 et ce génial Monsieur Gödel nous a démontré, dans son célèbre théorême, qu'on ne peut démontrer toutes les vérités mathématiques. C'est son principe d'incomplétude, ce qui signifie, entre autres, que l'arithmétique est basée sur un ensemble d'axiomes indémontrables.
Dois-je en plus appeler le chat de Shrödinger à la rescousse ?
Tout cela n'est pas très rassurant.
Et si la vérité était autre chose ?
Prenons Hegel; pour lui la vérité serait, au sens philosophique l'accord d'un contenu avec lui même. Ainsi, "vrai ami" égale ami dont la manière d'agir et conforme au concept de l'amitié.
Heidegger dans "Etre et temps" fait l'exégèse du mot "alètheia".
"Alètheia" (Vérité) serait pour lui le mouvement par lequel une chose est arrachée à l'obscurité dans laquelle l'oubli relègue toutes choses...
On est loin des Scolastiques et de Descartes !
Mais on n'est pas près d'aboutir !
C'est peut-être Hegel qui est le plus réaliste en la matière. Pour ce dialecticien,, il faut penser le vrai comme résultat d'un mouvement dans lequel les déterminations provisoires sont réfutées comme autant de moments d'un mouvement général dont la vérité est la recollection et le rassemblement.
C'est compliqué, très théorique et l'occasion de faire du vrai avec du faux et le contraire...

Mais Nietzsche, lui, est plus catégorique: "...ne pas pouvoir contredire est la preuve d'une incapacité et non point d'une "vérité"." (La Volonté de Puissance").
Le mot de la fin peut revenir à Wittgenstein qui, sceptique, s'interroge sur le fondements de nos croyances: "Ce qui est écrit dans les manuels scolaires, dans le livre de géographie par exemple, je le tiens en général pour vrai. Pourquoi ? Je dis: Tous ces faits ont été confirmés des centaines de fois. Mais comment le sais-je ? Quel témoignage en ai-je ?..."
Une fois n'est pas coutume, faisons appel à une autre source.

Jésus, lors de sa Passion est arrêté et conduit chez Pilate.
Ce dernier lui pose alors la question: "Qu'est-ce que la Vérité ?"

Et Jésus de se taire.

 

 




 




 

Partager cet article
Repost0

commentaires