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"Tout philosophe s'enfuit quand il entend la phrase: on va discuter un peu."
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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 10:35

C’est un personnage curieux que je vous propose de découvrir : Paul Feyerabend, un Allemand, docteur en sciences et philosophe. Il étudie sous la direction de Karl Popper. Après avoir, un temps, soutenu sa théorie de la réfutabilité, il la combattra.  Il publie en 1979 « Contre la méthode : esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance. » (Seuil 1979), ouvrage qui soulèvera un tollé et le rendra célèbre.
Le moins qu’on puisse dire est que cet ouvrage est provocateur et innovant, en voici une analyse succinte.
Karl Popper (1902-1994), son mentor,  affirmait que toute vérité scientifique doit être réfutable : c’est sa théorie de la réfutation.
C’était déjà une révolution en soi. Les milieux scientifiques estimaient qu’à partir d’une série d’observations identiques on pouvait tirer une conclusion générale. L’affirmation : «  les corbeaux sont noirs », tirée de l’observation d’un nombre important de corbeaux pouvait conclure à la proposition : » tous les corbeaux sont noirs ». Cette manière de procéder s’appelle l’induction.
Or il arrive qu’un corbeau soit albinos !
Popper refuse cette induction et il élabore une théorie de la réfutation.
N’est scientifique, qu’une théorie qui est réfutable.
« Il existe un serpent de mer » est une phrase irréfutable puisqu’il est impossible de prouver qu’elle est fausse. Elle n’est donc pas scientifique.
Mais : « Il existe un serpent de mer actuellement au British Museum », est une proposition réfutable, donc vraie !
Et Popper de préciser qu’une théorie scientifique doit non seulement être réfutable mais aussi non réfutée !

Paul Feyerabend (1924-1994)  ira plus loin dans la critique de la méthodologie scientifique.
« La science est une entreprise essentiellement anarchiste » écrit-il dans son célèbre ouvrage « Contre la méthode ».
Comme Popper, il s’oppose à l’inductionisme, mais critique la réfutation de Popper. Il est impossible, pour Feyerabend d’abandonner une théorie scientifique qui a été réfutée : » car une telle manière de faire effacerait la science telle que nous la connaissons et n’aurait pas permis qu’elle commence ».
La vérité scientifique n’est donc qu’un leurre !
Les diverses théories scientifiques qui s’affrontent au cours de l’histoire ont chacune leurs propres critères de validité. Or, souligne Feyerabend, les critères qui conduisent à adopter telle théorie plutôt qu’une autre sont subjectifs. Ce sont des jugements de goût, des préjugés quasi métaphysiques. Et, ultime provocation, Feyerabend écrit qu’en fait s’il n’y a pas de critère objectif pour comparer des théories scientifiques différentes il n’y a pas non plus d’argument décisif pour préférer la science à d’autre forme de savoir.
Ainsi, ajoute-t-il, les mythes sont aussi dignes d’intérêt que les théories scientifiques.
« La science et les  mythes se chevauchent de bien des manières ».
Et il récidive dans la provocation en lançant : « …il s’ensuit que la séparation de l’Eglise et de l’Etat doit être complétée par la séparation de l’Etat et de la science : la plus récente, la plus agressive et la plus dogmatique des institutions religieuses. »
Vous vous doutez bien que ce genre de position ne laisse pas indifférent : les critiques furent donc sévères voire indignées.
Si l’aspect parfois anarchique de la genèse de la recherche ne peut être contesté, les scientifiques « orthodoxes » répliquent en soulignant que la méthode scientifique est la rationalisation a posteriori d’un mode de travail qui n’a rien de rationnel. Mais ce n’est pas parce que cet aspect est contradictoire et entaché d’erreurs dans son développement qu’il ne conduit pas à une vérité scientifique dans sa conclusion.
D’autres sont moins virulents, ainsi l’école dite « la nouvelle sociologie des sciences », postule que le savoir scientifique procède de l’accord entre les membres de la communauté plutôt que de faits et preuves incontestables.
Nous avions Gödel et son célèbre théorême d’incomplétitude qui nous fait douter de la validité des bases sur lesquelles reposent les mathématiques.
Schrödinger et son chat ont mis en reliëf les paradoxes de la physique quantique.
Popper  propose comme critère de validité la possibilité de réfuter une thèse.
Et Feyerabend introduit le concept d’anarchie dans le méthode scientifique.
A sa suite, Alfred Tarski nous démontrera qu’aucun système ne dispose de moyens suffisants pour s’autoexpliquer.
Tout serait donc relatif ?
Sauve qui peut !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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<br /> Le prochain rassemblement contre LOPPSI à Paris aura lieu : le mercredi 5 janvier 2011 de 17H à 23H au CIP (collectif intermittents et précaires) 14 quai de Charente 75019 PARIS - Métro Corentin<br /> Cariou (ligne 7)<br /> <br /> Pour que ce rassemblement ne soit pas vain, il peut être intéressant d’avoir lu ce texte auparavant.<br /> <br /> ================================<br /> <br /> « Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi. » — A. Artaud.<br /> <br /> Là ne s’agit pas de s’en contenter.<br /> <br /> Les lois LOPSSIs sont des lois scélérates, certes, mais elles s’attaquent à quelque chose de plus profond : la mémoire historique.<br /> <br /> Un arrière-goût de tout ce que les régimes autoritaires ont concocté de meilleur.<br /> <br /> Mais nous ne nous arrêterons pas là, ce n’est pas au nom de quelque idéal de liberté républicain ou démocrate que nous désirons nous lever.<br /> <br /> Au nom de rien d’ailleurs.<br /> <br /> La haine totale de ce monde totalitaire suffit à nous accrocher à la moindre intensité de résistance pouvant naître.<br /> <br /> Mais nous ne nous arrêterons pas là non plus.<br /> <br /> Nous combattons sans défendre mais combattons avec certains horizons en tête : celui de voir un jour sans Travail, sans Propriété, sans Misère, bref tout ce qui a dicté les grandes insurrections<br /> ouvrières du siècle dernier…<br /> <br /> Nous sommes une histoire perdue cherchant à se retrouver en ces temps effacés :<br /> <br /> Mieux que partout, la France a réussi à ménager l’oubli chez ses sujets, non seulement l’oubli de ce pourquoi elle règne encore, cette France, mais l’oubli qu’il existe des ailleurs, d’autres<br /> notes, d’autres couleurs que le gris bétonné et le noir fumeux.<br /> <br /> « C’est une époque bien carabinée » disait un camarade et c’est véritablement vrai. Tout a faillit ici, pourtant tout semble encore fonctionner. Là, se dévisage le capitalisme : il n’a besoin que<br /> de notre consentement soumis pour exister. Il ne lui faut même plus inventer quelques bonheurs qui tiennent, des merveilles qui font espérer. Il ne lui faut, désormais, plus que perfectionner ses<br /> outils policiers.<br /> <br /> Lui-même se l’avoue lorsqu’il met en scène sa critique : « Le monde est pourri, vous avec, restez sage » relaye le Spectacle.<br /> <br /> Puisque le monde dérive, pourquoi ne pas dériver lentement avec lui. C’est ce qu’ON voulait nous faire croire.<br /> <br /> Hélas, le meilleur des mondes n’a pas encore triomphé !<br /> <br /> « C’est un beau moment, que celui où se met en mouvement un assaut contre l’ordre du monde […] Voilà donc une civilisation qui brûle, chavire et s’enfonce tout entière. Ah ! Le beau torpillage.<br /> »<br /> <br /> Il nous faut retrouver la mémoire, une mémoire tactile, celle des armes, de l’émeute, de la résistance matérielle. Il nous faut des réflexes, il nous faut se mettre d’accord une bonne fois pour<br /> toute : « faire apparaitre dans la pratique une ligne de partage entre ceux qui veulent encore de ce qui existe, et ceux qui n’en voudront plus ».<br /> <br /> En temps de guerre, ceux qui prétendent échapper à celà sont ceux qui ont déjà choisi un camp : celui de l’engagement le plus total dans le désengagement. Celui de rejouer les mêmes échecs en se<br /> disant que cela fonctionnera un jour.<br /> <br /> Ce sont eux, les véritables amnésiques. L’amnésie est une position bien confortable en ce monde, elle permet de s’ancrer léthargiquement dans un espoir messianique. Un espoir qui n’a pas fini de<br /> faire vivre et de laisser mourir…<br /> <br /> « Diverses époques ont eu ainsi leur grand conflit, qu’elles n’ont pas choisi mais où il faut choisir son camps. C’est l’entreprise d’une génération, par laquelle se balaient les empires et leurs<br /> cultures. Il s’agit de prendre Troie ; ou bien de la défendre. Ils se ressemblent par quelque côté, ces instants où vient se séparer ceux qui combattront dans les camps ennemis, et ne se reverront<br /> plus. » — Guy Debord.<br /> <br /> Dimanche 26 décembre 2010.<br /> <br /> <br />
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